Même les machines les plus perfectionnées ont besoin de moments de répit. C'est pourquoi, le lundi 19 juin au matin, l'exploitation du LHC a été suspendue pour une semaine, afin de permettre aux équipes techniques d'effectuer des travaux de maintenance préventive et corrective sur la machine et ses sous-systèmes.
Une semaine auparavant, dans l'après-midi du mardi 13 juin, les faisceaux avaient été éjectés, ménageant une pause au milieu d'une fructueuse période de production de luminosité. Les équipes ont pu alors entamer un programme de développement machine intense, selon un calendrier très serré, couvrant pas moins de 14 aspects différents, notamment : études sur la mise en fonctionnement des collimateurs à cristaux pendant la montée en énergie et la réponse du faisceau, analyses des systèmes de surveillance des pertes de faisceau à détecteurs diamants, étude de la dynamique des faisceaux visant à mieux comprendre la dégradation lente du faisceau liée aux effets du nuage d'électrons et mesures d'instabilité du faisceau avec des densités de paquets différentes. De plus, un certain temps a été alloué au réglage des cycles et des faisceaux en vue des futures exploitations pour la physique prévus après l'arrêt technique.
Pour chaque période de développement machine, une procédure est élaborée par les auteurs du projet, détaillant les objectifs ainsi que les paramètres de faisceau et réglages de la machine requis. Ces procédures sont ensuite examinées par le Groupe de travail sur les études LHC (LSWG) et le Comité de protection de la machine en formation restreinte (rMPP), puis les études à mener sont sélectionnées et programmées dans le créneau prévu pour le développement machine dans le calendrier annuel du LHC. L'approbation finale est ensuite donnée par le Comité de la machine LHC (LMC). Bien que ces opérations de développement machine réduisent le temps d'exploitation pour la physique, elles sont très utiles pour mieux comprendre le comportement de la machine et du faisceau, l'objectif étant d'améliorer la performance du faisceau, non seulement pendant la troisième période d'exploitation, mais aussi après le LS3, pour l'ère HL-LHC. On peut considérer qu'il s'agit d'un investissement rentable pour la production future de luminosité.
À l'heure où j'écris, la machine est passée entre les mains de l'équipe de coordination technique du département EN, chargée de superviser les nombreuses activités menées pendant l'arrêt technique, qui concernent l'ensemble du LHC et des cavernes d'expérimentation. Parmi les nombreuses activités prévues, deux ont déjà été décrites dans notre article du 6 avril. La première est la réinstallation du collimateur à cristaux qui s'est cassé et a dû être retiré de l'anneau lors de la dernière phase de mise en service du matériel, fin mars. C'est la raison pour laquelle l'arrêt technique a été prolongé d'un jour, afin de pouvoir terminer l'étuvage, le pompage et les tests de matériels pour cet élément. La deuxième activité est le remplacement préventif des deux disques de rupture installés en avril par deux autres qui ont subi avec succès le test de pression mené récemment.
D'après le programme, les conditions cryogéniques seront rétablies dans l'après-midi du vendredi 23 juin ; le LHC sera alors remis à l'équipe d'exploitation (département BE) à 16 heures afin que les sous-systèmes puissent être redémarrés. Cependant, la machine restera hors faisceau jusqu'à la fin de l'après-midi du samedi 24 juin pour que la réinstallation du collimateur à cristaux puisse s'achever. Une fois cette opération terminée, le faisceau sera rétabli, dans un premier temps pour des cycles de physique spéciale, puis pour la production de luminosité.
Les résultats (préliminaires) des études de développement seront présentés au LSWG le mardi 27 juin. Ce sera l'occasion d'échanger sur ces opérations et d'acquérir une meilleure compréhension de la dynamique de la machine et du faisceau en vue de maintenir une performance élevée pour le LHC, gagnant sans cesse en efficacité.